Hélène Buzzetti
Le Devoir
Le PLC adopte une résolution d’urgence réclamant un changement constitutionnel et reconnaissant la légitimité des gouvernements autochtones
Le débat sur la nation, que le Parti libéral du Canada voulait s’éviter en retirant la motion portant sur le Québec, a resurgi sous une forme inattendue hier à l’ouverture de son congrès à Montréal. La Commission des peuples autochtones a adopté en matinée une résolution d’urgence reconnaissant les nations autochtones et l’égalité de leurs gouvernements avec ceux des provinces et le fédéral. Et puisque, à l’instar de tous les autres ateliers, il n’y avait à peu près personne, la résolution est passée sans problème.
Cette résolution, qui tient sur une page, déclare en guise de préambule «que le Canada a été fondé par trois nations, à savoir les peuples autochtones, les Anglais et les Français». Elle invite donc le PLC à reconnaître «que les peuples autochtones forment autant de nations au sein de la nation canadienne». En outre, elle va beaucoup plus loin que celle, retirée, sur le Québec en ce qu’elle réclame un changement constitutionnel et reconnaît la légitimité des gouvernements autochtones «comme troisième ordre de gouvernement».
Son parrain, Bob Goulais, reconnaît qu’il s’agit d’une réponse au débat sur la nation québécoise, dont les autochtones se sentent exclus. «Quand l’aile québécoise du PLC a présenté sa résolution, cela a provoqué un déclic, a-t-il expliqué au Devoir. Il est temps qu’on aille de l’avant avec l’autodétermination et avec des changements constitutionnels reconnaissant les peuples autochtones comme des nations.»
Selon M. Goulais, un débat constitutionnel est nécessaire car une simple motion à la Chambre des communes comme celle que le premier ministre Stephen Harper a présentée dans le cas des Québécois constitue à son avis une «approche expéditive».
M. Goulais se réjouit que l’ex-premier ministre Paul Martin soit allé s’asseoir à ses côtés après l’adoption de sa résolution. Depuis sa défaite, M. Martin a fait des autochtones sa nouvelle priorité. M. Goulais appuie Ken Dryden au premier tour mais ne sait toujours pas derrière qui il se rangera aux tours suivants.
M. Goulais s’ajoute à la liste de personnes ayant réclamé au cours des derniers jours que la reconnaissance accordée aux Québécois le soit également aux autochtones. Le dernier en date est le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, qui a rappelé qu’il existe une «troisième solitude qui mérite qu’on lui accorde le même honneur».